samedi 14 février 2009

En résumé, pourquoi nous soutenons Avega

Avega, l’association des veuves et orphelins rescapés du génocide des Tutsi du Rwanda, a été créée il y a 14 ans par un groupe de 50 femmes qui avaient tout perdu. Tout : leurs êtres chers, leurs biens, leur santé physique et mentale, leur envie de vivre … Le génocide a éliminé la plupart des membres de leurs familles (enfants, mari, parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines, neveux, nièces …), le génocide a éliminé des gens de leur génération, de la génération d’avant et aussi, à jamais, la génération qui aurait dû suivre … Le génocide a laissé des vides béants dans toute leur parenté, mais aussi leur amis et connaissances. Ces femmes se sont donc retrouvées face à une gigantesque solitude, mais condamnées à survivre ! Toutes ont recueilli des orphelins : elles avaient en charge jusqu’à plus d’une dizaine d’enfants. Elles ont décidé de créer un groupe dans lequel elles se retrouvaient pour ne plus être seules, pour se parler, pour pleurer ensemble, pour essayer de surmonter les traumatismes qu’elles avaient vécus. Elles se sont rapidement structurées en association d’aide sociale et médicale. Elles trouvent des fonds pour ouvrir des dispensaires offrant des traitements contre le sida (beaucoup de femmes et de jeunes filles ont été violées par les génocidaires et sciemment contaminées par le VIH comme arme de génocide). Elles apportent des aides matérielles aux plus démunies d’entre elles : logement, nourriture, vêtements, minerval pour les écoles. Elles construisent des maisons. Elles apportent une aide juridique à leurs membres qui essaient d’obtenir justice dans le cadre des juridictions ‘gacaca’. Elles mettent en place des petits projets d’artisanat qui leur assurent quelque revenu : fabrication de paniers en vannerie, petite maroquinerie etc. Avega a ouvert des antennes dans tout le pays. Il y a en tout 25.000 membres. C’est une association qui jouit d’une très bonne réputation par la qualité de son travail et par son sérieux. Elle reçoit peu de fonds du gouvernement rwandais qui a lui-même très peu de moyens pour faire face aux besoins colossaux de la reconstruction du pays. Avega est soutenue par des fonds privés de diverses origines (Grande-Bretagne, Allemagne): elle n’a pas d’étiquette politique, ni confessionnelle particulière. 

L’hiver dernier, une soirée de solidarité organisée par un groupe d’amis a permis de récolter des fonds pour construire 7 maisons. Des amis de ces amis essaient depuis lors de sensibiliser tout un chacun à la cause de cette association qui mène des actions d’une grande dignité et qui nous rappelle un devoir d’humanité. En effet, le génocide des Tutsi du Rwanda s’est passé sous les yeux de la communauté internationale qui a littéralement abandonné les Tutsi aux mains de leurs bourreaux ; aujourd’hui, c’est le négationnisme qui fait rage, il y a toute une propagande puissamment relayée par divers médias qui tend à faire croire qu’il n’y a pas eu de génocide des Tutsi ou encore qu’il y a eu un double génocide etc. Vous comprendrez que pour les rescapés, c’est le génocide qui continue. 

Nous ne pouvons rester indifférents à cette cause. Et autant que votre soutien financier pour aider concrètement les projets d’Avega, ce dont ont besoin ces femmes courageuses, c’est de votre sensibilité et votre information sur cette problématique. Vous ne pouvez pas vous imaginer comme ces femmes qui ont été confrontées à la plus radicale des inhumanités, se sentent moins seules, retrouvent de petites perles d’humanité, de savoir qu’il y a des personnes comme nous qui les comprennent, les soutiennent, les admirent, pensent à elles.

 

Coopération avec les autorités locales et les ONG

Autorisée à travailler légalement au Rwanda, Avega travaille en étroite collaboration avec le Ministère de l’Administration Locale et des Affaires sociales, le ministère du Genre et de la Promotion Féminine, celui de la Santé ainsi que le bureau de la première Dame dans son projet PACFA. En 1996, le FARG (Fonds d’Assistance aux Rescapés du Génocide et des massacres de 1994) a concouru à l’effort d'Avega pour l’habitat en finançant la construction de 75 maisons jumelées. L’agglomération de Kimironko est habitée par plus de 100 veuves.

Besoins et projets d'Avega

  1.  Les enfants orphelins du Génocide ont besoin d’être appuyés dans le domaine de l’éducation. Ils ont essentiellement besoin de matériel surtout pour ceux du secondaire et de l’université.

A l’école primaire,  les  enfants sont peu nombreux sauf ceux qui ont connu des retards dans leurs études. Il faut noter qu’il y a déjà 14 ans que le génocide a eu lieu et que l’école primaire se termine normalement à 12 ans. Les frais de bourses d’études sont plutôt élevés, surtout que souvent l’étudiant est aussi chef de famille et qu’il a des frères et sœurs  dont il assure la tutelle. Actuellement, à travers le projet  « care and treatment » financé par une ONG britannique, Avega a bénéficié d’un appui financier pour aider les enfants dont les mères sont séropositives et les orphelins eux-mêmes infectés par le VIH. Quelques bienfaiteurs ici et là interviennent pour prendre en charge des orphelins à travers Avega. 

  1. AVEGA a des veuves très âgées, très malades et sans enfants et qui ont besoin d’une prise en charge permanente. Actuellement, elle aide les cas extrêmes avec le fonds « Esther », mais ce n’est pas suffisant, car l’aide n’est pas permanente. 

AVEGA a également le projet de construire sur une parcelle de 10 hectares dans la ville de Kigali, un centre d’accueil avec un centre de prise en charge de personnes âgées. Avec la construction de ce centre, ceux qui n’ont plus personne pour s’occuper d’eux trouveront un lieu sûr où ils sont en sécurité et à l’abri des dénigrements des voisins insensibles à leur douleur. 

  1. Pour mieux aider ses bénéficiaires qui sont dispersés dans tout le pays, Avega recourt aux volontaires formés en counselling. Ces dernières ont aussi appris à prodiguer des soins aux malades à domicile. Cependant, elles travaillent beaucoup alors qu’elles mêmes ont des enfants à leur charge et qu’elles sont souvent veuves. Une compensation de leurs journées de travail serait un solide encouragement. 

Avega a en tout 20 volontaires et 60 animatrices psychosociales, une prime de 50.000 FRW par personne et par mois, soit 100 dollars américains, leur permettrait de mieux suivre la santé, tant physique que mentale des bénéficiaires d’AVEGA. 

  1. Avega compte actuellement 3.450 membres sans abris. Une maison simple dans l’agglomération coûte 3.000.000 FRW pour la construire soit +/-3.500 euros. 
  1. Avega a un très grand nombre de maisons partiellement détruites et qui ont besoin d’être réhabilitées. Il y a près de 12.600 maisons se trouvant dans cet état et la réfection d’une maison s’évalue à près de 1.300 euros même si cela varie selon les cas. 

Réalisations d'Avega

Population concernée: les veuves et les orphelins du génocide en général

1    Prise en charge de veuves atteintes du sida (violées pendant le génocide pour la plupart): cette prise en charge a débuté dans l’après-génocide d’abord par un encadrement médico-psychologique, puis par la mise à disposition des médicaments. A l’heure actuelle, elles bénéficient d’un programme national de traitement des malades infectés par le VIH en général. 

2        Aide au logement 

3        Aide à l’éducation des orphelins 

4        Renforcement de leurs capacités en vue d’une autonomie financière (appui aux petits projets générateurs de revenus) 

5        Formation de membres à la gestion du traumatisme. Actuellement 60 femmes d’Avega ont déjà bénéficié de cette formation qui leur permet d’accueillir et d’écouter  certains cas dans leurs régions respectives. Les cas les plus graves sont répertoriés et orientés vers des centres spécialisés. 

6        Mettre à la disposition des membres, un juriste qui accueille les plaintes et les oriente vers les juridictions appropriées. Ceci est d’une importance capitale, car elles sont les témoins de leur tragique histoire et leurs dépositions durant les procès sont très consistantes. Les plaintes peuvent également être d’ordre sécuritaire, car ces femmes - comme la plupart des rescapés du génocide qui témoignent publiquement lors des procès - sont mises en danger. En effet, il arrive régulièrement qu’après avoir témoigné ces femmes soient intimidées, attaquées physiquement à coups de machettes. Des rescapés ont ainsi été sauvagement massacrés dans la région de Gikongoro, Cyangugu, Butare, Kibuye ou de Kigali par les bourreaux qui vivent non loin d’eux. Le juriste d’Avega aide les victimes à organiser une défense autant que cela se peut (à défaut d’une protection que l’Etat rwandais est en devoir de leur assurer.) 

7        Avega, par son programme d’Information suit régulièrement les travaux des juridictions 'gacaca' ce qui permet de constater les défaillances et de les dénoncer, d’encourager les membres à témoigner lors des procès. Par son audience et son efficacité, elle est à même de recenser les autres problèmes que rencontrent les membres et les rescapés en général afin de les soumettre aux institutions concernées.

 

Historique d'Avega

Le génocide des Tutsi du Rwanda perpétré en 1994 a emporté plus d'un million de vies humaines, exterminées atrocement en 100 jours.

L’une des conséquences de ce génocide est le grand nombre de veuves dispersées sur l’ensemble du pays. Si d’après les recensements officiels on dénombre plus de 350.000 rescapés du génocide sur tout le territoire, il est à noter que plus de 80% de ceux-là est constitué de veuves et orphelins. Ces victimes sont devenues chefs de ménage en lieu et place de leurs maris ou parents massacrés. Elles sont sorties de ce drame affamées, fragilisées économiquement, dépourvues d’abris, frappées de traumatismes et, quelquefois, atteintes du VIH/SIDA, suite à des viols utilisés comme arme de génocide. Les femmes ont à leur charge un nombre élevé d’orphelins en bas âge, que ce soit des enfants à elles ou des enfants orphelins de père et de mère recueillis comme cela est la règle par le membre rescapé de la famille. 

C’est pour faire face à cette situation qu’est née en 1995 l’Association des Veuves du Génocide «AVEGA - Agahozo» sur l’initiative d’un groupe de 50 veuves rescapées du génocide qui en sont les membres fondateurs. 

AVEGA a été agréée par arrêté ministériel n°156/05 du 30 Octobre 1995 et compte environ 25.000 membres dispersés sur tout le territoire rwandais. Elles n’ont pas attendu plus longtemps pour se structurer et s’organiser afin de tenter de répondre à leurs besoins propres. AVEGA est pour ses membres : 

1.     Un instrument de lutte contre les intentions génocidaires dont la cruauté se faisait encore sentir

2.      Un moyen d’essayer de faire face aux conséquences du génocide les plus immédiates

3.     Elle leur sert aussi de famille où se rencontrer pour partager leur douleur, pleurer, et discuter entre elles. 

Leur but était de tenter de venir en aide aux milliers de veuves et d’orphelins, en vue d’alléger leurs souffrances et les aider à accepter leur situation.  Par après, leur mission a été de favoriser l’intégration de la veuve du génocide dans la société rwandaise. Mais surtout, elles étaient engagées à perpétuer à jamais la mémoire des leurs et lutter pour un «plus jamais ça » inconditionnel.